Amour Partagé

Ma toute petite princesse a déjà un mois et trois jours et, même si je suis épuisée de m’occuper d’un si petit être, je tenais à la faire assister à sa première Saint Valentin.
Depuis les quelques mois que je suis ici j’ai compris que c’était une fête très importante pour la ville. Si j’ai tout suivie et que mes informations sont bonnes c’est en rapport avec la famille du maire : Il y a cinq ou six ans, je ne sais pas bien, sa femme est morte d’un grave accident alors qu’elle était en sortie avec plusieurs enfants du pensionnat. Elle chérissait la fête des amoureux plus que toutes les autres et, depuis sa mort, c’est la fête la plus importante de Sainte-Rosalie. Bien sûr à partir du moment où elle a épousé le maire la fête avait pris de l’ampleur, mais maintenant c’est différent. Le 14 février n’est plus simplement la Saint Valentin, c’est la fête à la mémoire d’Anastasia D’Hombre.
On a dormi, tant qu’Opalie nous y a autoriser, et une fois debout et c’est atteler à la préparer. On l’a emmitouflée autant que possible. J’ai pris une grosse doudoune et suis partie avec mon mari qui poussait notre fille, allongée bien au chaud. J’étais accrocher à son bras et on avait l’air des jeunes parents les plus heureux du monde. J’en suis certaine, parce que c’est ce que nous étions, les jeunes parents les plus heureux du monde. On a marché jusqu’à la place Léopold D'Hombre, lieux principale des festivités. Arrivée sur les lieux je me suis émerveillée du spectacle. Il y avait des coeurs, du rose, du rouge et de l’amour partout ! C’était magnifique, si tu avais vue je suis sûr que tu aurais adorée qu’on joue là-bas. Je me suis immédiatement mise à sautiller au bras de Marceau.

IOn doit sortir. Alors. Sac : Check. Couches : Check. Lingettes : Check. Doudou : Check. Tétines bio : Check. Bibron : Check. Tire-lait : Check. Porte-feuille : Check. Papiers d'identité : Check. Bouteilles d'eau : Check. Housse de pluie pour poussette : Check. Vêtements de rechange : Check. Écharpe à bébé : Check. Couverture d'allaitement : Check. Hochet : Check. Boule de cire pour bébé : Check. Cache-Soleil pour bébé : Check. Couverture supplémentaire pour bébé : Check. Raaah ! C'est tellement stressant. Comment elle fait pour préparer Opalie ? Ça doit être encore plus stressant...

Hum... Ne pas grogner. Elle ne dort pas plus que toi. Ne pas grogner... Hum... J'entends qu'elle ferme la porte de la maison. C'est une joli poussette hors de prix. Oh ! Elle dors ! Salut Opalie. Oui ! C'est Papa ! Avec maman, on va en ville aujourd'hui. C'est qui la plus belle des princesses ? Non, c'est pas toi, c'est Maman. Tu as oublié d'avoir ses yeux, petite sotte. Bah oui, tu devais pas prendre les yeux de Papa. Mais tu es la deuxième plus joli, tu sais. Oui, tu es joli. Ah ! Maman agrippe à moi.

Génial. On va assister à la fête la plus déprimante de Sainte Rosalie. Ouais ! Ah ! Anastasia D'Hombre... C'était un bon bout de femme, puis une femme extraordinaire... elle s'est fait une réputation, dans le territoire des Cain. Puis elle est morte. Tout ce qu'elle aimait est devenu de l'or obscur, comme un joyau maudit. Mais Perle trouve ça beau, alors moi aussi. Maman a toujours raison. On avance calmement, on tiens la poussette à deux. Maman sautille comme une enfant. Où est-ce qu'elle trouve toute cette énergie ? Elle a caché des stimulants quelque part chez nous ? Si oui, il faut qu'elle m'en donne.

Bon, au moins, c'est beau. Ouais, c'est beau. Les yeux de Perle brillent, c'est vraiment la plus belle chose du monde. Tant pis si je ne dors plus... il fallait bien donner un prix au Paradis... non ?

« Bon. Perle. J'ai une grande question à te poser. »

Ouais. Prends des grands air. Capte son attention. Regarde un peu ton super papa, Opalie.

« Quand est-ce qu'on commence l'audio description pour Opalie ? Tu sais, comme ils disent dans le livre, pour lui apprendre à parler... »

Je vais avoir l'air con. Ouais. Elle va peut-être s'énerver. Tu aurais dû demander une barbe à papa ou un karaoké. Tu vois Opalie ? Fais pas comme papa. Il est stressé, parce qu'il agis après avoir réfléchis.

Codage par Libella sur Graphiorum

Amour Partagé

J’étais très déçu, Marceau ne m’a pas laisser une minute pour m’extasier avant de m’annoncer qu’il a une grande question à me poser. Je me suis stressée, c’était incroyable. Pendant les deux seconde j’ai paniquée total. Je me suis demandé ce qu’il pouvait bien vouloir me demander. Encore m’interroger sur l’école pour Opalie ? Demander un autre enfant ? Qu’on déménage ? Mais finalement il voulait juste jouer le guide pour notre petit bébé. Ce qu’il peut être gourde je te jure ! Il doit avoir deux pieds gauches mentaux ! J’ai lâché un énorme soupir de soulagement. J’ai pris une grande inspiration et j’ai déclaré à mon mari :
« Quoi, tu n’as pas encore commencé à le faire ? »
Quand j’ai commencé à lire la panique dans ses beaux yeux, et à l’entendre hésiter, j’ai explosée de rire. Comme toujours il s’est mis à m’admirer, ce qui m’a encore plus fait rire. J’ai peinée à reprendre mon souffle. Mais une fois fait je me suis excusée :
« Je suis désolée, je plaisantais ! »
Je me suis alors glissé sur la pointe des pieds pour lui coller un bisou. J’ai d’abord pensé à lui embrasser la joue. Mais, pour être sûr de me faire pardonner, je lui ai baisé le coin des lèvres. Sur cette note de tendresse, j’ai ajouté :
« J’adore te voir stressé. Ça te va très bien. »
J’ai toussé avant de finir :
« Je te propose de nous la faire pendant que je vais admirer le paysage, avec mes yeux et mes oreils ! »
Je lui ai adressé un sourire avant de me blottir à nouveau contre lui.

IElle va me tuer. Je suis sûre qu'elle va me tuer, maintenant. Elle a l'air de vouloir me tuer. Elle doit se dire un truc genre « mais qu'est-ce qu'il est con, ce con ». Et merde !

« Quoi ? »

Quoi, quoi ? J'ai dit une bêtise ? Non, ça, ça serait normal. Alors... j'ai dit une grosse bêtise ?

« Tu n'as pas encore commencé à le faire ? »

Mayday, mayday ! J'ai fait une énorme bêtise ! Une gigantesque ! Non, j'ai détruit le développement psychomoteur de notre princesse ! Perle va me brûler, sur un bûcher. Je vais m'auto-écarteler. C'est la fin du monde. Je vais mourir. Merde ! Putain, Marceau, t'es tellement con, ça devrait pas être pouvoir ! Tu es idiot ! Vraiment ! Mange des murs, espèce de débile ! A cause de toi, elle parlera pas avant cinq ans ! Oh merde ! Elle connaît pas ta voix ! Merde, merde, merde ! Elle va pas t'aimer comme un papa ! Tu as gâché ta vie ! Espèce de crétin !

Attends... pourquoi elle se met à rire, d'un coups ? Heu... je ne la suis pas... c'est grave... non ? Je vais mourir, pas vrai ? Alors pourquoi tu rigoles tellement ? Tu veux une mort avec le sourire. Mais fait pas ça ! Comment elle va vivre, toute seule, notre princesse ? Et même si je survivais à ma bourde, j'ai deux pieds gauches, deux mains gauches et même pas un vrai cerveau. Respire, ma chérie. Allez, voilà, comme ça.

« Je suis désolée, je te plaisantais. »

Quoi ? Tu m'as fait faire une crise cardiaque pour une crise de rire ? Bon. Ton rire est trop beau. Worth it. Non ! Tu dois pas apprendre ça à Opalie ! Mais...

Mayday ! Mayday ! On a plongé dans une dimension parallèle ! Mon cœur va s'arracher de ma poitrine ! Pourquoi tu fais ça ? Qu'est-ce qui se passe ? A un centimètre à peine et je mourrais de bonheur. Tu sais que tu aurais pu me tuer, là ? Qu'est-ce que je dois comprendre ? Tu ne voulais pas que je sois ton meilleur ami ? Merde, il bat trop fort, ce con, tu vas l'entendre... c'est sûre... je suis con, c'est pas possible...

« J'adore te voire stresser. »

Heu... ok... c'est décidé, je ne serais plus jamais serein, jamais. Mais, à part ça, je dois comprendre quoi ? Perle ? Je suis perdu, là, aide moi ! Je suis ton meilleur ami assexué qui t'a fait un enfant pour te sortir de la merde ou tu m'aimes comme un mari que je suis pour toi ? Raaaah ! Pourquoi il a fallu que tu fasse de la clarté de notre situation ambiguë quelque chose de pas clair ? Je me plains pas, hein. T'arrêtes pas, si tu l'sens... mais... non mais je vais me casser en deux, Perle...

« ça te va très bien. »

Oh ! Des nuages ! Tu étais déjà tellement irrésistible, et là tu viens vers moi et je suis comme un con. Mais si je me trompe ? Ça va tout changer. Je vais te faire mal. Et si tu veux que je vienne vers toi ? Et si je fais rien ? Et si je faisais une gaffe ? Je me suis lavé les dents avant de partir ? Pastille à la menthe. J'ai besoin d'une pastille, maintenant.

Tu tousses, comme pour dire « on oublie », ou « ignore, petit idiot », ou « tu as loupé le coche, dommage ». Raaah ! Perle ! Je vais mourir ! J'ai la sensation que tu as un couteau sous ma gorge, là ! J'ai une chance sur deux de vivre dans tant d'allégresse que j'en mourrais presque, et une chance sur deux de tomber en poussière. Tu ne peux pas me faire ça et m'ignorer.

« Je te propose de nous la faire pendant que je vais admirer le paysage, avec mes yeux et mes oreils ! »

Hein ? Je cligne des yeux tellement que j'aurais pu créer une tempête. Hum... Comment décrire une tempête ? Ah ! Tu dois décrire ! Arrête de penser, parle !

« On arrive à la place Léopold D'Hombre. »

J'ai une voix de gros débile, c'est sûre.

« Papa et maman sont avec toi en ville pour une super fête. Aujourd'hui, c'est la Saint Valentin, la journée des amoureux, alors tout le monde est super content. »

Je regarde le paysage idyllique de la place, les amoureux qui chantent. Dans quelque années, on reprendra les plus gros tub disney et couche-culotte avec Opalie et Perle. La petite nous arrachera les cheveux pour se noyer dans le sucre et les jouets. Reste un bébé, ma chérie, ça vaut mieux.

« Il y a plein de jolies couleurs, et des barbe à papa. Les gens sourient beaucoup. Dans quelque années, tu essayeras de détruire la patience de papa pour qu'il t'achète des bonbons. Aurore Desfoyers chante très très mal une jolie chanson toute seule. »

On s'approche d'un stand de crêpe à l'odeur délicieuse.

« ça sent les crêpes. Tu verras, tu adoreras les crêpes plus tard. Mais Papa peut pas aller en acheter ici, parce qu'ils utilise de la vilaine huile de palme et maman aime pas du tout ça. »

Codage par Libella sur Graphiorum

Amour Partagé

Le spectacle de son visage subissant tout ces ascenseurs émotionnels était tout simplement sublime. Non, pas sublime, c’est trop faible, c’était magique ! Je suis consciente que tu risques de me prendre pour une sadique. Mais je t’assure, si tu avais vu sa tête Scarlett… Si ce n’étais pas Marceau, je t’assure que j’aurais pu tomber amoureuse ! Mais on est meilleurs amis et c’est très bien comme ça. Si je dérape il risque de partir en courant. En réalité se sera surement moi. Mais bon, tout va bien pour le moment. On est très heureux avec la relation qu’on à, même si personne ne la comprend. Je me suis donc blotti contre lui après mon sourire. Je grelottais, quelques instants plus tôt, mais le spectacle de mon mari terrifier et l’épaule de mon meilleur ami m’ont réchauffé le cœur et le corps.
J’étais au plus paisible quand il se mit à raconter au rythme de ce que nous percevions :

« On arrive à la place Léopold D'Hombre. Papa et maman sont avec toi en ville pour une super fête. Aujourd'hui, c'est la Saint Valentin, la journée des amoureux, alors tout le monde est super content. »

Ça voix et douce et légère quand il parle à notre fille. C’est un père merveilleux.

« Il y a plein de jolies couleurs, et des barbe à papa. Les gens sourient beaucoup. Dans quelques années, tu essayeras de détruire la patience de papa pour qu'il t'achète des bonbons. Aurore Desfoyers chante très très mal une jolie chanson toute seule. »

Je lâche un petit rire quand il donne son avis sur le chant de la fameuse Aurore. Là, je suis envahie par une odeur de crêpes au chocolat.

« Ça sent les crêpes. Tu verras, tu adoreras les crêpes plus tard. Mais Papa peut pas aller en acheter ici, parce qu’ils utilisent de la vilaine huile de palme et maman aime pas du tout ça. »

Quand il a dit sa je n’ai pas pu retenir ma réaction : je me suis instantanément décollée de lui. J’étais toujours accroché autour de son bras mais j’ai relâchée la prise. De cette façon, j’ai pu lui asséné un coup sur l’épaule avec l’autre main.

« Hey ! »

Je me suis alors tournée vers notre enfant :

« Ton papa vient de dire une grosse bêtise. Il faut que tu oublies ça. L’huile de palme ce n’est pas bien pour la planète. Maman rentrera dans les détails quand tu seras plus grande. Mais le plus important c’est qu’il n’y a pas d’huile de palme dans les crêpes. Elle est dans crème de chocolat qu’ils peuvent mettre dessus. Papa va acheter une crêpe à ta maman pour se faire pardonner de dire des bêtises. Une crêpe au sucre, pour ne pas abimer la gentille planète. »

Je me suis retournée avec un immense sourire vers mon époux.

« Et bien il ne manque plus qu’à m’acheter une crêpe. Il ne faudra pas, en plus, que tu m’ai fait mentir à notre fille à mon tour. »

Je souris comme un idiot. Merde. Pourquoi elle s'éloigne ? J'ai encore dit une bêtise ? C'est pas mon jour. Elle va souffler le chaud et le froid combien de temps ? Aoutch ! C'était mon épaule, ça, madame ! Elle veut enseigner la violence sur plus faible que sois à Opalie ? Elle fait mal, maman...

« Hey ! »

Oh non, papa a fait une grosse bêtise. Je suis pétrifiée. J'ai l'impression d'avoir treize ans, que ma mère va me priver de portable ou pire, de fondant au chocolat. Je ne pourrais plus avaler une bouchée de ses affreux cookies pour oiseau ! Je vais mourir... je vais perdre mon droit de garde, et elle va me mutiler, et notre fille sera traumatisée et deviendra tueuse en série et on sera obligé de devenir dealer pour les DeLameyth pour lui trouver des planques... oh mon Dieu qu'est-ce que j'ai fait ?!

« Ton papa vient de dire une grosse bêtise. »

Je vais mourir. Elle a dit « grosse bêtise ». C'est un peu comme si elle appelait Marceau Patricien LeParc Nightingal, ou un peu comme si ma belle-sœur m'appelait Frérot. Ça a le même effet immédiat : un violent frisson qui me donne l'affreuse impression que la fin du monde approche.

« Il faut que tu oublies ça. L'huile de palme, ce n'est pas bien pour la planète. Maman rentrera dans les détails quand tu seras plus grande. Mais le plus important, c'est qu'il n'y a pas d'huile de palme dans les crêpes. Elle est dans la crème de chocolat qu'ils peuvent mettre dessus. »

Merci, je savais. C'est ça, la fin du monde ? Bon Dieu, Perle, si je survis aux un an d'Opalie, je veux une médaille. Je déconnes pas. Je vais devenir cardiaque... Con, stupide, maladroit, impressionnable et cardiaque... autant dire cocktail molotov...

« Papa va acheter une crêpe à ta maman pour se faire pardonner de dire des bêtises. Une crêpe au sucre, pour ne pas abîmer la gentille planète. »

Si ce n'est que ça... je pourrais t'offrir une crêperie entière, Perle. Mais ça, tu le sais. Tu me regardes et à ton sourire emplis de malice, je comprends que je n'ai pas fini. Je suis ravi. Peu importe comment tu vas essayer de me tuer cette fois, ce sourire en vaut la peine.

« Eh bien, il ne manque plus qu'à m'acheter une crêpe. Il ne faudra pas, en plus, que tu m'ai fait mentir à notre fille à mon tour. »

Je souris et m'éclipse sans dire un mot. Chaque son qui sort de ma bouche et une graine d'idiotie. Ça paraîtrait presque philosophique...
Je m'approche du stand, tenu par une jeune fille aux cheveux noirs aux pointes roses et violettes. Elle a un piercing à la lèvre, tantôt caché par ses bulles de chewing-gum. Son T-shirt blanc plein d'inscriptions noirs plus obscènes les unes que les autres dévoile tout son torse et son short n'est pas plus long, dévoilant des bas résilles. Elle a l'air sortie d'un documentaire sur les ados rebelles. Elle lève ses yeux noisette vers moi et je me sens électrifié. Tout mon corps tremble et j'ai la sensation de prendre une douche froide. Une Donoew, parfait.

« Heu... made... »

Elle rit et pointe son insigne, pendant en boucle d'oreille. Au départ, je vois seulement ses faux-ongles noirs à strass argenté. Ils forment des croix retourné. Ses doigts sont fins et élégants. Elle s'appelle Elodie. C'est plutôt mignon. Si j'étais plus jeune, que je n'étais pas marié...

« Monsieur ? »

Reprend-toi, idiot. Tu es un Dolorey. Cette gosse est attirée par toi sans se l'expliquer et tu n'en abuseras pas. Tu es papa, Marceau, pense à ses parents. Ils ne veulent pas qu'un crétin incapable de compter jusqu'à douze leur vole leur bébé.

« Oui, excusez-moi. Bonjour Eloise. J'aimerais une crêpe au sucre pour ma femme. Vous avez de la confiture de fraise pour la mienne ? »

Elle me regarde de haut en bas.

« Vous avez pas la tête tu marié. »

Je ris nerveusement. Sa voix est comme une caresse de sucre. Elle est tellement paradoxale.

« Si vous avez fait une bourde, je vous conseille les bâton d'érable. Ils sont importés de chez mon oncle canadien. Cent pourcent sirop d'érable. C'est un peu sucré, mais les filles en raffolent. »

Sa voix est râpeuse et acide comme le sucre. Elle donne une note à un garçon derrière elle. Il était tellement invisible que je l'avais pris pour une décoration. Ses cheveux noirs sont méchés de bleus et il est en skatter. On dirait qu'ils viennent d'une autre époque.

« Va pour le bâton et les deux crêpes. Je vous doit... ? »

Elle regarde sa caisse.

« Pour vous ? J'vous le fait à huit euro. »

Ok. Porte-monnaie chaton dégaine, je cherche. Elle éclate de son rire affreusement moqueur. Arrête-ça petite, tu n'a aucune idée de l'effet que tu fais aux autres.

Elle me tend une espèce de sucette brune emballé dans un plastique, fermé par un ruban décoré de feuilles d'érable. Elle en prend une pour elle qu'elle commence à mâchonner.

« C'est quoi vot' nom ?
_Marceau LeParc. »

Elle parut s'étouffer. Merde. Ne me dites-pas que ma bêtise va la tuer. Non. Je suis con mais je veux pas être un tueur, s'il vous plaît...

« ça va ? »

Elle hoche la tête.

« Je m'attendais pas à... laissez tomber... »

Elle attrape deux crêpes fumantes derrière elle et me les tends. Je retourne vers les femmes de ma vie. Je regarde Perle et l'envie de l'appeler mon amour l'envahie, à peu près autant que l'impression que je viens de la tromper. Je tends sa crêpe d'une main.

« Crêpe au sucre, ma... lady. »

Je regarde vers Opalie. Elle est magnifique...

« Papa est allé acheter deux crêpes sans huile de palme, et une surprise pour maman. »

Je sors la sucette de ma poche et annonce fièrement :

« cent pourcent sirop d'érable »

Codage par Libella sur Graphiorum