La journée de Sylvelie avait été assez longue pour que cette dernière en oublie la soirée de Saint Valentin. Cette fête, plus que célébrée depuis l'arrivée de la reine de Sainte Rosalie dans son royaume, avait une résonance différente depuis la mort de cette dernière. Sylvelie voyait bien que tous ceux qui l'avaient connus souffraient plus, en ce jour, qu'en un autre. Elle avait dû s'occuper d'un tas de chose, allant des pensionnaires malheureux aux comptes du pensionnat, souffrant encore de leur mauvaise organisation.

Quoi qu'il en soit, Sylvelie n'était pas venue en avance et n'avait pas installé les tables. Elle se réjouissait alors du retard des pensionnaires. En temps normal, elle aurait dû leur faire un long sermon sur la ponctualité. Cependant, étant elle-même en retard sur ses engagements, elle ne pensait pas que c'était nécessaire, ou même bienvenu. A la place, elle se dépêchait au mieux de tout installer pour la petite fête, espérant secrètement la venue de bénévoles ou d'autres employés. Mais, si elle-même avait eu peine à trouver le temps, elle n'osait s'accorder que bien peu d'espoir pour les autres. Comment auraient-ils pu être en avance ?

Enfin, comme par miracle, la majestueuse Tintallë entra, tout en prestance, toute pressée. Sylvelie crut que son cœur allait s'arrêter de battre, et pas uniquement à cause des pouvoirs de la jeune femme. Oui, elle aurait pu remettre en cause ses vœux de fidélité au seigneur pour ce pouvoir étrange. Pourtant, là, elle ne pensait pas vraiment à Tintallë comme à la tentation intenable qu'elle était. Non, elle la voyait comme la délivrance qu'elle allait devenir.

« Ma sœur ! Je peux faire quelque chose pour vous aider à tout installer ? Où sont les tables ? »

Ladite sœur se frotta les yeux à plusieurs reprises, trop étonnée. Elle ne s'y attendait que peu, et sentait un soulagement intense l'envahir. Elle aurait pu pleurer, tant elle était ravie.

« Dans la remise sur votre gauche. Merci infiniment mademoiselle Thalos. »

Voyant qu'elle s'affairait déjà, elle s'était passé de la formalité inutile qu'était une confirmation. A la place, elle travaillait elle-même à tout installer au plus vite. A cette heure, les pensionnaires ne tarderaient plus.

Sylvelie était ravie de constater que tout se passait si bien. L’installation avançait bien, et elle était certaine que les retardataires arriveraient pile à l’heure. Elle s’imaginait même qu’ils pouvaient attendre derrière la porte, espérant pouvoir se passer de travail. Elle soupira à cette idée. Etalant une nappe, elle fut interrompue par la petite Laura.

« Ma sœur ! Il y a quelque chose que je peux faire pour vous aider ? »

Elle est assez jeune et ne peut porter aucune charge lourde… La sœur lui indique le fond de la pièce :

« Tu peux ramener les serviettes et les assiettes s’il te plaît. »

Sylvelie sourit et continue de tout installer. Les assistants travaillent vite, tout est bientôt terminé. Elle observe la salle s’agiter, tout le monde travailler et sourit. Un jeune homme s’approche. C’est un pensionnaire, elle le reconnaît d’emblée.

« J’espère ne pas être trop en retard, est-ce que je peux vous aider ? »

Tout est presque terminé, mais il ne faut jamais dévaloriser les efforts d’un adolescent. Bon, s’il a décidé de s’investir… Il ne restait plus à la femme qu’à lui donner une mission à accomplir.

« Tu trouveras des couverts dans les coulisses au fond à gauche. Tu peux les disposer autour des assiettes s’il te plaît ? »

Une fois les indications données, elle alla s’occuper des verres, pour que tout soit parfait.